Le mois dernier, je rencontrais Monsieur Ignacio SAINZ IGLESIAS, Directeur Général délégué de VeraCash. Celui-ci m’a reçu dans les bureaux du groupe,en périphérie de Bordeaux. Cette rencontre fut l’occasion de d’échanger, aussi bien que sur les activités de la société que sur la fiscalité de l’or, mais également sur la place de ce dernier dans le patrimoine !
(image VeraCash)
L’activité de VeraCash
VeraCash, filiale de AuCoffre.com est donc le leader français sur le marché de l’achat / vente / conservation (en coffres sécurisés) d’Or. Un service que j’utilise moi-même, à titre personnel, depuis de nombreuses années. En aparté, cela rendait cette rencontre encore plus intéressante pour moi !
C’est ainsi que le groupe s’engage, depuis une douzaine d’années, dans la vente d’or et d’argent physique, lesquels n’ont pas vocation à être livrés à ses clients (90% de français, 5% de belges et le reste répartis en Europe), mais bien à être conservés dans les entrepôts hautement sécurisés des Ports Francs de Genève, en Suisse. Conservé en ces lieux ultra-sécurisés qui voient passer, parfois pour des périodes de plusieurs décennies, des objets d’art et/ou de grande valeur, les métaux précieux des clients de VeraCash n’en restent pas moins accessibles.
En effet, les comptes clients ne sont autre que des comptes de paiement (avec Carte) adossés à des métaux précieux plutôt qu’à une devise fiat. Ce qui offre ainsi la possibilité de payer les dépenses non pas avec des €, mais directement avec de l’or et de l’argent. A noter que la détention de diamants d’investissement est également d’actualité, bien que cela reste assez anecdotique et marginal dans le choix des clients, puisqu’ils représentant moins de 1% des ventes de la société.
Ainsi, le produit le plus populaire (75 à 80% du volume de ventes) est l’or « Premium », qui n’est autre que des pièces d’or d’investissement. Lesquelles se distinguent des lingots par leur prime (un peu plus élevée), mais aussi par leur fiscalité (plus intéressante). Point sur lesquels nous reviendrons. L’achat d’or « spot », basé sur des lingots, reste néanmoins tout à fait possible.
Des métaux précieux conservés en Suisse
Comme évoqué précédemment, VeraCash conserve, pour le compte de ses clients, ses métaux précieux en Suisse. Plus précisément aux Ports Francs de Genève. Ceci se fait de façon mutualisée avec les actifs conservés par sa maison mère.
Un choix de lieu qui a été fait pour plusieurs raisons… A commencer par la haute sécurité offerte par les Ports Francs, tout aussi emblématique que réputé dans le monde entier. La possibilité pour le groupe d’instaurer ses propres mesures de sécurité dans les coffres qu’elle loue ayant également pesé dans ce choix. Sans oublier, bien sûr, l’image de stabilité, politique et économique, renvoyée par la Suisse.
Des coffres qui sont audités deux fois par an par une société indépendante, en présence de membres de l’AMUAC (Association des Membres Utilisateurs d’AuCoffre.com - https://www.asso-amuac.com/).
A date, les quantités détenues en coffre pour le compte des clients du groupe était de l’ordre de 6 tonnes d’or et 60 tonnes d’argent. Ce qui représente approximativement, aux cours du moment (mi-janvier 2025), plus de 500 millions € de métaux précieux.
L’un des autres avantages de la Suisse réside également dans la possibilité offerte aux clients de sortir du système bancaire français et ainsi de se protéger de ses risque potentiels. En outre, la détention en Suisse permet, pour les clients achetant de l’argent métal, de bénéficier de l’exemption de TVA. Ce qui ne serait pas possible si ce métal précieux intégrait le territoire français.
Des métaux précieux… « liquides »
Le modèle économique de VeraCash repose sur la vente d’or et d’argent physique à ses clients, mais également sur le service de compte de paiement. Ce qui impose au groupe de s’assurer que ses clients puissent « dépenser » leurs métaux précieux quand ils le souhaitent, via la carte de paiement.
Car disposer d’or et d’argent physique dans les coffres, c’est une très bonne chose. Mais pouvoir les vendre lorsque nécessaire et une chose primordiale. D’autant plus que généralement, l’or conservé aux Ports Genève y reste. Il n’y a pas d’entrée et sorties intempestives de ces coffres. Tant pour des questions de coûts (logistique, coût d’accès) que de sécurité.
Pour permettre cette « liquidité », la société compte donc sur les achats réguliers de ses clients (l’or et l’argent changent juste de propriétaire sans jamais quitter les coffres suisses), mais également sur ses réseaux de partenaires. Lesquels peuvent venir absorber, au besoin, des ventes massives de la part des clients de VeraCash. Ceci pouvant s’opérer via les quelques « stocks tampon », détenus hors coffres en Suisse, dont dispose le groupe.
Ainsi, en 2024, alors que le cours des métaux précieux a fortement augmenté, les clients de VeraCash en ont profité pour accroître sensiblement leurs « dépenses » de métaux précieux. C’est ainsi que le volume de ventes (par les clients) traitées est passé de 8 millions € en 2020 à plus de 15 millions en 2024.
En y ajoutant les reventes par virements (retraits de fonds des comptes VeraCash vers les comptes bancaires des clients), VeraCash est parvenue à absorber plus de 35 millions € de reventes d’or et d’argent par ses clients. Considérant un cours moyen de 72000€ le kilo en 2024 (nombre approximatif que j’utilise uniquement pour avoir un ordre d’idée), cela représente près de 500 kilos rachetés au gré des besoins des clients.
Patrimoine & fiscalité
Sur le plan patrimonial, l’or est valeur refuge comme il n’en existe pas d’autre. Il a traversé les époques, pour ne pas dire l’Histoire, sans pour autant prendre la moindre ride. Aujourd’hui encore, le « métal jaune » reste particulièrement recherché !
Pour Ignacio SAINZ IGLESIAS, l’or conserve donc, de nos jours, tout son intérêt. En particulier en période crise. Néanmoins, il convient d’aborder la question de se détention de façon pragmatique ! L’or demeure « un investissement », lequel nécessite « d’être convaincu par ce qu’il représente » avant d’être réalisé. A ce titre, il est important, avant tout achat, de savoir en évaluer les risques, et d’avoir conscience qu’avoir de l’or revient à "se prémunir contre quelque chose". Au même titre donc, qu’une assurance.
Au sujet de la place de l’or au sein du patrimoine, cela reste, selon lui, très variable, tout en ayant la nécessité de répondre « à une stratégie, afin de ne pas acheter de manière émotionnelle ». Ainsi, envisager l’achat d’or en DCA (Dollar Cost Averaging, à savoir, un achat régulier pour un montant constant) peut présenter un certain intérêt. D’autant plus si la possibilité existe (VeraCash le permet) l’achat de fractions d’or ou d’argent métal. Un seul € étant suffisant pour commencer à en acquérir. Tout en insistant bien sur le fait qu’il ne s’agisse en aucun cas d’un Conseil, Ignacio SAINZ IGLESIAS estime que détenir « entre 5 et 10% » de son patrimoine sous forme d’or ne serait pas une mauvaise chose. Ajoutant, bien sûr, que cela dépend du profil de chacun.
En outre, la fiscalité a son importance dans le processus d’achat des métaux précieux, et en particulier de l’or. L’intérêt de l’or « Premium » de VeraCash étant, contrairement aux lingots, d’appartenir à la catégorie des « Bijoux et assimilés ». En effet, les modules constituant l’or « Premium » sont des « jetons »… en opposition à des monnaies (pièces ayant valeur légale), et ne sont pas considérés comme étant des objets de collections. Ils n’appartiennent donc pas à la catégorie des métaux précieux.
Extrait du bofip : « Les objets d’or et d’argent travaillés sont classés parmi les bijoux et assimilés, par analogie avec la bijouterie, et ne relèvent donc pas de la catégorie des métaux précieux. Cette règle comporte toutefois une exception : les monnaies d’or et d’argent sont considérées soit comme des métaux précieux lorsqu’elles sont postérieures à 1800 (cf. I-A § 20), soit comme des objets de collection lorsqu’elles sont antérieures à cette date (cf. I-B-3 § 70). »
De ce fait, l’or « Premium » de VeraCash (qui n’est pas une « monnaie ») permet de bénéficier de la franchise de 5000€ sur les cessions. En d’autres mots, une vente inférieure à ce montant n’entraîne pas de fiscalité. Bien sûr, cela ne s’applique pas à l’or « Spot ».
VeraCash a mis en place, depuis quelques temps déjà, un système de récapitulatif lors des cessions de métaux précieux. Ainsi, le client sait précisément à quels achats passés correspondent les grammes d’or ou d’argent vendus à l’instant T. Ce qui permet aisément de connaitre sa plus-value et de calculer sa taxe lorsque celle-ci est due.
Revente via des canaux « traditionnels »
De façon plus générale, dans une parenthèse quant à VeraCash, Ignacio SAINZ IGLESIAS évoque les canaux « traditionnels » d’achat / vente d’or. Lesquels ont pour avantage de permettre l’achat de pièces et modules physiques, afin, ensuite, de les conserver par soi-même.
Il avance que si une stratégie est nécessaire pour acheter, il en est de même pour la revente. Ce n’est pas quelque chose qui doit se faire à la va-vite, sans réflexion préalable.
Si l’intérêt de ces structures « traditionnelles » est évident, il convient notamment de rester attentif lors des opérations de revente. Chose qui doit pouvoir être envisagée dans le cadre d’une gestion saine du patrimoine.
Il va de soi que revendre « immédiatement » est un avantage évident.
Néanmoins, il faut avoir en tête que cette « immédiateté » a un coût réel pour le client vendeur : Une décote sur le cours du métal précieux, parfois très importante, est appliquée. C’est à dire que l’or ou l’argent sont bien rachetés immédiatement, mais bien moins chers (plusieurs pourcent) que leur valeur réelle.
Si, en elle-même, cette pratique est tout à fait compréhensible et légale, il est tout de même nécessaire de faire attention à ce que cette décote ne soit pas trop conséquente. Au risque de représénter une véritable perte pour le client vendeur.
Quid en cas de crise et de requête de l’Etat pour récupérer l’or ?
Ignacio SAINZ IGLESIAS ne prend pas par quatre chemin à l’évocation de ce sujet… Il reconnait, pragmatique, que « l’Etat peu tout faire ». Ceci dans le sens où si il décide « piocher » dans les comptes VeraCash, personne ne pourra l’en empêcher.
Néanmoins, d’expérience (requête judiciaires, saisies, etc.), il affirme que de part ses caractéristiques propres, l’or reste « extrêmement difficile » à appréhender par les services de l’Etat. Incitant ce dernier à toujours aller « piocher » dans des comptes libellés directement en €.
En outre, récupérer physiquement l’or des clients de VeraCash ne semble pas envisageable. D’une part du fait de sa conservation en Suisse, et, d’autre part, une nouvelle fois, du fait de ses caractéristiques… L’Etat a beaucoup plus de facilité à s’arroger des € depuis un compte bancaire que de l’or ou de l’argent physique depuis des coffres en Suisse.
L’entreprise et ses finances
Depuis 2019, « VeraCash a la capacité d’être rentable ». Excepté un très bel exercice 2020, marquée par un résultat bien meilleur que les années précédentes COVID oblige), les comptes du groupe sont globalement à l’équilibre. Le résultat net variant sur cette période entre -44k€ (2022) et +8k€ (2023).
Hors 2020 donc qui affichait une bénéfice de quasiment 700k€. Le tout pour un Chiffre d’Affaire évoluant de 30 millions € en 2019 à 75 millions € en 2023. Avec une pointe à 86 millions € en 2020 pendant la crise COVID.
L’exercice 2024 devrait, quant à lui, être un peu moins bon du fait de dépenses plus importantes que les années passée, liées au développement de l’infrastructure informatique du groupe.
En 2023, l’endettement (orienté à la baisse ces dernières années) représentait environ 1,4x l’EBITDA. Ce ratio s’élevait à 5x en 2019. Marquant ainsi une politique de désendettement du groupe, tout en assurant la soutenabilité de celui-ci.
Globalement, VeraCash parvient donc à financier son développement, tout en équilibrant ses comptes. Développement qui est d’ailleurs passé par une ouverture du capital en 2020…
Des échanges de gré à gré
VeraCash n’est pas une entreprise cotée en bourse. Néanmoins, un système d’échange de gré à gré de ses actions a été mis en place il y a quelques années. Ce « Carnet d’annonce », comme il se nomme, est géré par un prestataire extérieur spécialisé : la société CIIB.
Ce sont ainsi environ 1100 actionnaires qui composent aujourd’hui le capital de la société, pour une participation totale de 11%.
Un choix qui a permit de lever 2 millions €, réinvestis dans le développement de la société. Malgré le succès de cette opération, le groupe n’envisage pas de se faire coter sur un matché tel que Euronext. Comme me le disait alors Ignacio SAINZ IGLESIAS à ce sujet : « Aujourd’hui la porte n’est pas fermée, mais nous n’en ressentons pas le besoin ».
En regrettant tout de même que trop peu d’entreprises n’ouvrent leur capital via des acteurs tels que CIIB. Une façon plutôt simple d’incorporer de nouveaux actionnaires. Les « avantages de la bourse, sans ses inconvénients ».
Des possibilités de développements multiples…
Largement implantée en France, VeraCash dispose de la possibilité (légalement parlant) d’étendre ses activités à d’autres marchés européens. Ce qui pourrait lui permettre d’accroître sensiblement sa clientèle, et de prendre encore de poids dans le monde des « vendeurs d’or ».
La société dispose également de véritables expertises (en considérant celles de AuCoffre) dans son domaine d’activité. Celles-ci vont de la conservation sécurisée à la tokenisation de l’or (jusqu’à cinq décimales). Ce qui permet au groupe de vendre les métaux précieux par fractions, les rendant de fait plus accessibles (en particulier l’or) au regard de leurs cours respectifs.
La maîtrise interne des différentes techniques de frappe / lasérisation / gravage (via sa AuCoffre.com) de « jetons » est également un savoir-faire qui permet au groupe (toujours via AuCoffre) de frapper ses propres pièces et jetons ! Y compris des pièces à cours légal, en vertu d’accords signés avec des pays / territoires tels que Gibraltar, Zanzibar ou encore le Tchad. Si certaines de ces techniques ne sont maîtrisées qu’à "petite échelle"et nécessite l’appel à des sous-traitants, cela constitue quoi qu’il en soit une bonne base de connaissances et de savoirs-faire techniques.
Le développement du VeraOne, la crypto-monnaie du groupe (créé en 2019) directement adossée à de l’or physique, fait également partie des développements d’avenir. Ceci via la plate-forme crypcool.com, sur lesquels peut s’appuyer la société. Une solution innovante, qui permet d’intéresser un nouveau public et de concilier les avantages de la blockchain avec ceux de l’or physique.
Et des défis à ne pas sous-estimer
L’un des principaux défis auxquels VeraCash doit faire face, est la moyenne d’age de ses utilisateurs (55 ans). Bien que celle-ci soit inférieure à celle des clients de sa maison mère (65 ans), il conviendra, pour le groupe, de parvenir à rajeunir sa base de clients.
Une tâche qui pourrait justement être affecté à Crypcool et au VeraOne, lesquels pourraient être à même d’attirer une clientèle plus jeune et plus au fait de la technologie et de ses nouveaux usages.
En outre, la réglementation, y compris la fiscalité, demeurent des points essentiels à ne surtout pas négliger. D’autant plus que les divers produits proposés par le groupe (or « Premium » / « Spot » et argent métal, je passe sur les diamants) disposent d’une fiscalité propre à chacun, rendant plus difficile la lecture de celle-ci par de potentiels nouveaux clients.
Il ne faudrait pas non plus balayer d’un revers de mains le fait que les marges du groupe restent, de part la nature de ses activités, faibles. Une gestion saine entre protection du cash et investissements d’avenir, qui se doivent tout deux être au coeur de de la stratégie, doivent permettre d’assurer la pérennité de la société.
A ce titre, les difficultés politico-économiques de la France pourraient représenter une opportunité pour VeraCash.
Au fur et à mesure que la situation du pays se dégrade, de plus en plus de français pourraient envisager de convertir une partie de leurs économies (non vitales) en or. Tant pour les sortir du système bancaire que pour les « protéger » des potentielles velléités d’un Etat financièrement acculé.
Si tel était le cas, VeraCash ressortirait (sans doute) parmi les solutions potentiellement envisageables. Tant par les services proposé que pour la capacité du groupe à se financer.
Disclaimer : A la date de la publication de cet article, possède une centaine d’actions de VeraCash. Un position valorisée environ… 150€.
[mise à jour du 22.01.2025] :
- Correction d’une donnée chiffrée = quantité d’or et d’argent détenue en coffres)
- Correction d’une approximation = l’argent métal détenu chez VeraCash a le même statut de « bijou et assimilés que l’or"Premium », et donc la même fiscalité
- Ajout d’une précision = AuCoffre a la faculté, en raison d’accords, de produire des pièces ayant cours légal