Les Bonus Cappés, produits de rendement à la portée de tous

Les enfants dorment, et de mon côté je n’arrive pas à trouver le sommeil. Quelle idée aussi de m’être assoupi devant Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, que ma fille voyait pour la première fois… :sweat_smile:

C’est donc l’occasion pour moi d’aborder les Bonus Cappés, un produit dérivé dit de « rendement », dont l’intérêt principal est d’offrir la possibilité de gagner de l’argent y compris si le cours du sous-jacent baisse (de façon raisonnée). Pour rendre ces explications techniques plus abordables, je m’appuierai sur un exemple concret.

Les émetteurs
Tout d’abord, intéressons-nous aux émetteurs de ces produits. En France, trois établissements se partagent le gros du marché :

  • la Société Générale, qui a racheté il y a quelque temps les activités « produits dérivés » de l’allemand Commerzbank (qui était alors leader en France).
  • la BNP
  • CitiFirst

Un produit dérivé relativement simple à appréhender (et pourtant ce sujet est un vrai pavé quand même, vous allez voir :stuck_out_tongue_closed_eyes:)

Les bonus cappés sont donc un produit dérivé dit de rendement. C’est à dire qu’ils visent à permettre aux investisseurs de réaliser des plus-values… Y compris en cas de baisse (modérée) du cours du sous-jacent. Sous-jacent qui peut tout aussi bien être un indice qu’un titre en direct.

Chaque bonus cappé possède une « borne basse » ainsi qu’un « niveau bonus ». L’idée derrière ce produit étant que si le sous-jacent ne touche jamais le niveau de la borne basse au cours de la vie du bonus cappé, alors l’investisseur se verra rembourser, à échéance, au niveau bonus.

Il est à noter que les détenteurs de bonus cappés ne perçoivent pas le dividende versé par l’entreprise sous-jacente. Le montant de ceux-ci sont intégrés au cours du bonus cappé.

Exemple concret
Pour simplifier les choses, prenons un exemple concret de bonus cappé. Piochons le chez le leader du secteur, la SG, et prenons comme sous-jacent, Air Liquide et analysons-le…

  • Achat : cours auquel l’émetteur rachète ce bonus cappés des investisseurs. Ici, 149,43€.
  • Vente : cours auquel l’émetteur vend ce bonus cappé aux investisseurs. Ici, 149,51€.
  • Perf : performance journalière du bonus cappé. Ici, -1,23%.
  • Cours du sous-jacent : cours de l’action Air Liquide. Ici, 143,56€.

  • Date d’émission : il s’agit de la date de première cotation du bonus cappé. Ici, le 9 juillet 2021.
  • Maturité : date de fin de vie du bonus cappé. Ici, le 25 mars 2022.
  • Barrière (ou borne) basse : c’est le niveau minimum que le cours du sous-jacent ne doit JAMAIS toucher durant la vie du bonus cappé. Ici, 135€.
  • Niveau bonus : c’est le prix maximum auquel le bonus cappé sera remboursé à l’investisseur si la borne basse n’a jamais été touchée. Si elle est touchée, ce niveau bonus est automatiquement désactivé.
  • Barrière (ou borne) basse touchée : indiqué à l’investisseur si la borne basse a déjà été touchée ou non durant la vie du bonus cappé. Ici, c’est non.
  • Dernier jour de cotation : ben… dernier jour de cotation du bonus cappé. Ici, le 17 mars 2022.
  • Date de calcul : date à laquelle seront calculées les performances finales de chaque investisseur, en se basant sur le cours de clôture du dernier jour de cotation.
  • Quanto : option neutralisant le risque de change lorsque le sous-jacent n’est pas coté dans la même devise que le bonus cappé. Ici, non.
  • Perf max : Gain maximum que pourrait réaliser un investisseur achetant ledit bonus cappé à son cours du moment. Ici, 7,12%.
  • Perf max annualisée : Perf max (ci-dessus) rapportée à une durée d’un an. Ainsi, 7,12% de gains en 5 mois représentent une performance annualisée de 17,21%.
  • Distance barrière : Marge restant avant que le sous-jacent ne touche sa borne basse. Ici, 6,02%.
    Référence à la date de calcul* : cours de référence utilisé pour le calcul de la performance finale du bonus cappé. Ici, le cours de clôture.

Ce bonus cappé là est-il intéressant à acheter ?
À priori, une performance réelle de 7,2% en cinq mois sur un titre que Air Liquide, cela peut sembler fort intéressant. Pourtant, il serait très risqué de ne regarder que cet indicateur. En effet, d’autres doivent absolument être calculé et pris en compte :

  • La prime d’achat : il s’agit de la différence entre le cours d’achat du bonus cappé et celui du sous-jacent. Plus cette différence est grande, plus la perte sera grande si la borne basse est touchée.

Dans le présent exemple, la prime d’achat est de 4,14%. Cela reste raisonnable. Personnellement j’essayais de ne pas acheter (lorsque j’achetais ces produits) au delà de 5% de prime.
Comprenez néanmoins que si le cours du sous-jacent baisse de 6,02% pour toucher sa borne basse, alors le cours du bonus cappé baissera lui d’une dizaine de %.

L’idéal est de pouvoir acheter des bonus cappés avec une prime négative. Cela se trouve surtout au moment des émissions. Car plus l’échéance du produit se rapproche, plus la prime augmente.

  • la distance à la borne basse : dans le cas présent, elle n’est que de 6,02%, alors même que les marchés boursiers sont sur de hauts niveaux. En cas de correction, il y a fort à parier que le cours du sous-jacent baisse bien plus et donc que la borne basse soit touchée. Personnellement je n’achetais pas en dessous de 15 à 20% de marge minimum pour les sociétés solides. Pour les « canards boiteux » (Air France & Co), il faut viser au grand minimum 30% de marge. Et encore, parfois même 40 ne suffisent pas.

  • la durée avant échéance : Plus celle-ci est longue, plus les risques (et donc les possibilité de gain) sont grands. Inversement, plus elle est courte, plus les risques et les espoirs de gains sont réduits. À mon goût, il est difficile de trouver un bon compromis risques / gains en dessous de six mois restant avant échéance.

Que se passe-t-il si la borne basse est touchée ?
Comme précédemment évoqué, une telle situation entraînerait la désactivation du niveau bonus. Dans tel cas, le cours du bonus cappé tendrait, d’ici à l’échéance, à rejoindre le niveau du cours du sous-jacent. Il sera alors remboursé au cours du sous-jacent à sa date d’échéance.

Il est évidemment possible de revendre un bonus cappé à tout moment, l’émetteur assurant lui-même la contre-partie et donc la liquidité. Évidemment, revendre après que la borne basse est été touchée revient, dans la très grande majorité des cas, à prendre une moins-value plus ou moins conséquente.

Pourtant, une borne basse touchée peut tout de même mener à la réalisation d’une plus-value. En effet, si le cours du sous-jacent se reprend assez rapidement (avant l’échéance du bonus cappé), alors il n’est pas impossible de repasser au dessus de son PRU. Bon… franchement… il ne faut pas non plus miser sur ceci. Mais techniquement, çà reste possible.

Dans le cas du présent bonus cappé sur Air Liquide, le faible niveau de marge restant avant que la borne basse ne soit touchée fait que, personnellement, je ne me porterait pas acquéreur de ce bonus cappé.

Que se passe-t-il si la borne basse n’est jamais touchée ?
Dans ce cas, c’est tout bon pour l’investisseur, qui sera assuré d’être remboursé à hauteur du niveau bonus. Dans l’exemple présent, à 162€.

À noter que ce niveau bonus est le niveau maximum de remboursement. C’est à dire que quelque soit le cours du sous-jacent à échéance (ici, je le rappelle, Air Liquide), le possesseur du bonus cappé percevra 162€ par certificat détenu. Si le cours d’Air Liquide est alors de 145€, son bonus cappé lui aura rapporté plus que la détention d’une action en direct. Si ce même cours est de 170€, alors il aurait mieux valu, pour l’investisseur, détenir l’action en direct.

Intérêt des bonus cappés

  • Pouvoir espérer réaliser un gain le en cas de baisse modérée des sous-jacents.
  • Disposer d’une certaine « marge de sécurité » (la distance à la borne basse) par rapport à la détention en direct d’une action.
  • Possibilité, en cas de baisse modérée, de stagnation ou de petite hausse du sous-jacent, de sur-performer.

Facteurs de risques des bonus cappés

  • Risque de perte en capital (lequel est tout de même limité au montant investi).
  • Forte probabilité de perte en cas de baisse importante des sous-jacents et donc de borne basse touchée.
  • Risque de sous-performance en cas de forte hausse du sous-jacent.
  • Pas de perception de dividende.

Voilà, après une bonne heure et demi de rédaction, je pense avoir été complet en ce qui concerne les bonus cappés. Dans le cas où je le rendrais compte d’un oubli, je corrigerai la chose.

Maintenant, je vais pouvoir essayer de retrouver le sommeil :grin:

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Je déteste les produits dérivé:nauseated_face::face_vomiting: mais je sais qu’il est possible de gagné ou du moins d améliorer un peu perf avec ses produit je suis tout de même pas fan

Aussitôt dit, aussitôt fait !!! :sweat_smile:

Merci beaucoup pour ces explications claires, et précises, grâce à un exemple illustré en parallèle. :+1:

Si je comprends bien, tu n’utilises plus ces produits ?

C’est un point de vue qui se défend tout à fait !:wink:

Les bonus cappés restent tout de même un produit de rendement, ne présentant aucun effet de levier ainsi que des risques en ligne avec la détention d’actions.

Non, car j’avais tendance à revendre trop tôt mes positions. Par exemple, dès que j’étais à +2 ou +3%. Ça devenait pour moi plus du trading que de l’investissement pur. Tout est dans la tête.
Mais à l’occasion je n’exclue pas d’en reprendre un jour.

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