Nombre d’investisseurs sur les forum de Moning ont fait le choix d’investir dans les dividendes. Souvent, ce choix est motivé par des considérations pratiques :
« J’achète, j’encaisse… je m’enrichis ! »
« C’est simple, facile et sans risques ! »
Ces considerations s’en retrouvent régulièrement renforcées par le visionnage de vidéos sur YouTube qui vantent les dividendes :
« Achetez, encaissez… enrichissez-vous ! »
« C’est simple, facile et sans risques ! »
Je ne vais donc pas y aller par quatre chemins, mais si vous achetez des « sociétés à dividendes » avec ces justifications là … Préparez-vous à finir en plein dans le mur sans même avoir compris ce qui se passait ! Je vous propose donc de faire un point sur les dangers des dividendes :
Ne pas comprendre ce qu’est un dividende
Commençons d’abord par le commencement. La base de la base… Le dividende n’est rien d’autre qu’un montant que versent certaines entreprises (un dividende n’a rien d’obligatoire) à leurs actionnaires, lorsque celles-ci (je simplifie volontairement) réalisent des bénéfices. Il s’agit donc d’une part des bénéfices qui est retournée aux actionnaires sous forme de liquidité.
Lors de chaque versement de dividende (c’est une règle absolue), le cours de l’entreprise s’ajuste à la baisse d’un montant identique. Ce qui est logique, puisque lorsque l’entreprise distribue ses bénéfices, elle s’appauvrit
Le cours de bourse s’en trouve donc impacté. Certes, il peut remonter par la suite. Mais rien ne garanti que cela se fasse rapidement. Ni même que cela se fasse tout court. Il existe divers exemples d’entreprises dont les cours ne sont jamais remontés après versement des dividendes.
Il est à noter que les entreprises versant des dividendes conséquents (4/5/6%) sont généralement des entreprises matures. Elles font le choix d’un retour important à leurs actionnaires, estimant qu’ils en feront un meilleur usage. Tout simplement parce que les opportunités d’investissement des dites sociétés sont réduites et ne permettent pas une bonne allocation du capital.
Rechercher absolument de gros rendements
L’une des plus grosses erreurs que peut commettre un investisseur dans les dividendes est de se focaliser sur les entreprises versant un (très) gros dividende. Je qualifierais ainsi les dividendes dont le rendement est supérieur à 5 ou 6%.
Pourquoi est une erreur ? Simplement parce qu’un dividende très élevé est généralement signe d’une situation potentiellement très préoccupante :
le cours a baissé fortement et a donc entraîné une hausse, par effet inverse, du taux de rendement du dividende
l’entreprise cherche par tous les moyens, en l’occurrence en retournant beaucoup à ses actionnaires, à ce que ceux-ci conservent leurs actions
Ce sont des situations généralement intenables dans le temps, lesquelles appellent à plus ou moins court terme à une baisse drastique / coupure totale du dividende. Chose qui s’accompagne souvent d’une forte baisse du cours lorsque les « chasseurs de dividendes » se rendent compte qu’ils se sont trompés et qu’il tentent de vendre en urgence.
Bien sûr, il peut exister des situations de marché qui font qu’une très belle entreprise se retrouve à proposer un rendement sur dividende très important, sans pour autant que cela ne soit vraiment problématique. Je pense notamment à TotalEnergies qui en pleine crise Covid avait son cours baisser tellement fortement que sont rendement sur dividende s’était donc retrouvé à environ 10%. Il convient donc d’être à même de savoir faire le tri entre les « bons » et les « mauvais » dossiers.
Ne pas se préoccuper de la croissance de l’entreprise
Comme évoqué précédemment, un dividende n’est rien d’autre qu’un retour de l’entreprise à ses actionnaires. La valorisation du compte de l’actionnaire ne va pas augmenter parce qu’un dividende est versé. Au contraire des intérêts versés sur les livrets bancaires.
Aussi, pour espérer gagner de l’argent (faire des plus-values), il est IMPERATIF que l’entreprise en question enregistre une certaine croissance, laquelle lui permettra, à minima, de maintenir son cours de bourse. Bien sûr, un cours croissant est clairement préférable !
La fiscalité n’est pas votre amie
La fiscalité des dividendes va différer selon que vous les percevez sur CTO ou sur PEA. Sur PEA, ils sont totalement indolores. Par contre, sur CTO vous serez taxé de 17,2% à 30% dès la perception (hors prélèvement à la source pour les titres étrangers).
Donc sur CTO, même réinvestis, le frottement fiscal va entraîner une perte de liquidités pour l’actionnaire. Sans compter bien évidemment les frais de courtage nécessaires au réinvestissement. Dit de façon directe : Percevoir des dividendes entraîne des frais et/ou de la fiscalité.
Quel est donc l’intérêt des dividendes ?
Vous pensez certainement, à lecture des lignes précédentes, que les dividendes sont à éviter comme la peste… Bien sûr que non ! Seulement, il convient de savoir ce qu’ils sont et ce qu’ils entraînent.
Ils ont tout de même, bien sûr, un avantage. Et pas des moindres. À savoir qu’ils permettent de récupérer régulièrement des liquidités sans avoir besoin de vendre de positions déjà établies. En outre, en période de crise, un portefeuille diversifié continuera de permettre de recevoir des dividendes (même si ils peuvent être abaissés). Situation qui permet alors de réinvestir et donc de continuer à faire croître la taille des lignes… et donc de percevoir de plus en plus de dividendes années après années.
Quelle stratégie choisir ?
Il n’y a pas de réponse absolue à cette question, tant cela dépend de considérations propres à chacun. Je dirais donc que la meilleure stratégie est celle qui conviendra à un investisseur. Laquelle sera probablement différente de ce que mettra en place quelqu’un d’autre.