Les options et la wheel strategy (stratégie de la roue)
J’ai le plaisir d’inaugurer ce sujet sur un produit dérivé en bourse : les options.
On entend parler de certaines stratégies utilisées par les traders américains et notamment de la stratégie de la roue (wheel strategy). Peut-on vraiment l’utiliser pour se dégager un revenu supplémentaire aux potentielles plus-values et dividendes ?
AVERTISSEMENT : les options sont un produit dérivé COMPLEXE (avec un potentiel effet de levier), qui nécessite un apprentissage. Il est primordial de creuser le sujet et de s’y former correctement, voir d’utiliser un certain temps un compte de démonstration. C’est un outil qui n’est pas adapté aux débutants en bourse. En aucun cas je ne recommande son utilisation, étant moi même en train de m’y former.
Qu’est-ce que cette stratégie ?
La stratégie de la roue fonctionne en 2 temps.
1er temps de la stratégie de la roue (vendre une option PUT)
Dans cette 1ère partie de la stratégie, nous vendons une option PUT sur une action. Une option a forcément une date d’expiration et un prix d’exécution (« strike price »).
Lorsque la date d’expiration arrive (souvent à la fermeture hebdomadaire des marchés le vendredi soir aux USA), 2 cas de figure :
- le prix de l’action est au dessus du prix d’exécution de l’option : rien ne se passe, le contrat expire.
- le prix de l’action est en dessous du prix d’exécution de l’option : vous devez acheter 100 actions, non pas au prix actuel de l’action mais au prix d’exécution de l’option.
Jusqu’à maintenant, j’espère que vous suivez. Mais pourquoi donc vendre de tels contrats ? C’est là que cela devient intéressant : en vendant ces contrats, vous touchez une « prime » en cash.
Exemples :
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Le prix de l’action ZORB est à 150$ le lundi. Vous vendez une option pour le vendredi suivant avec comme prix d’exécution 148$. Vous empochez une prime en cash pour avoir vendu cette option.
Le vendredi suivant à la fermeture des marchés, l’action est à 151$. Le contrat expire, le prix actuel de l’action est au dessus du prix d’exécution, il ne se passe rien d’autre. -
Le prix de l’action TOK est à 100$. Vous vendez une option pour le vendredi suivant avec comme prix d’exécution 98$. Vous empochez une prime en cash pour avoir vendu l’option.
Le vendredi suivant à la fermeture des marchés, l’action est à 97$. Vous êtes « assigné » et vous devez acheter 100 actions TOK à votre prix d’exécution de 98$.
=> Dans la stratégie de la roue, on répète ce 1er temps jusqu’à ce que l’on soit « assigné » et que l’on doive acheter 100 actions de l’entreprise. Une fois que cela arrive, on passe au second temps de la stratégie : vendre une option CALL.
2eme temps de la stratégie de la roue (vendre une option CALL)
Si vous avez bien compris le 1er temps, vous pouvez voir le second temps comme un mirroir parfait : cette fois-ci, vous ne vous engagez pas à acheter 100 actions si le prix de l’action est en dessous du prix d’exécution MAIS à vendre 100 actions si le prix d’exécution est au dessus du prix d’exécution.
Vous avez 100 actions TOK.
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Le lundi, l’action est à 97$, vous vendez une option CALL avec un prix d’exécution de 98$. Vous empochez une prime. Le vendredi soir suivant à la fermeture des marchés US, l’action a encore un peu baissé à 96$, l’option expire et rien d’autre ne se passe.
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Le lundi suivant, l’action est à 96$, vous vendez à nouveau une option CALL avec un prix d’exécution de 98$. Vous empochez une prime. Le vendredi soir suivant à la fermeture des marchés US, l’action a augmenté à 99$, vous devez vendre alors 100 actions à 98$.
=> Dans la stratégie de la roue, on répète ce second temps (vendre des CALLs) jusqu’à vendre les 100 actions, puis on repart au 1er temps (vendre des PUTs), et ainsi de suite…
Quels sont les pré-requis ?
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Il semble nécessaire d’effectuer cette stratégie sur des actions d’entreprises dont vous croyez au potentiel sur le long-terme. En effet, vous pouvez être assigné à acheter 100 actions de cette entreprise. Qui voudrait être forcé à l’achat de 100 actions d’une entreprise sans aucun intérêt ?
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Il faut utiliser un courtier qui permette ce genre de contrats (options) et cela est possible sur un compte titre (oubliez le PEA).
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Le risque semble « maîtrisé » car connu à l’avance : dans le pire des cas vous devrez acheter 100 actions à un prix prévu à l’avance, ou bien vendre 100 actions à un prix aussi prévu à l’avance. Mais bien sûr cela nécessite d’avoir le collatéral : donc assez en cash pour acheter 100 actions ou bien d’avoir en sa possession 100 actions. Donc à moins d’avoir des dizaines/centaines de milliers d’euros, oubliez les options sur Tesla ou Amazon
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Toutes les entreprises ne sont pas forcément de bonnes candidates pour le trading d’options. Cela nécessite une analyse préalable du marché.
Quels sont les inconvénients ?
L’inconvénient principal semble :
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de devoir acheter 100 actions à un prix supérieur à celui du marché (dans le cas de la vente d’une option PUT qui expire en dessous du prix d’exécution),
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ou bien de devoir vendre 100 actions à un prix inférieur à celui du marché (dans le cas de la vente d’une option CALL qui expire au dessus du prix d’exécution).
Quels sont les avantages ?
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Le risque semble maîtrisé (en dehors d’une potentielle erreur humaine lors de la création du contrat), car vous connaissez à l’avance tous les paramètres, y compris le montant de la prime.
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Le montant de la prime est versé immédiatement en cash lors de la création du contrat. C’est quelque chose d’assez intéressant car avec le trading, on a plutôt l’habitude d’attendre la fermeture du contrat ou la revente de son actif pour dégager la plus-value.
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Lorsque vous réalisez des ventes de CALLs (seconde partie de la roue) et que vous détenez les 100 actions (ou plus), vous continuez bien sûr de toucher les dividendes de ces actions… Donc la vente de CALLs peut être une stratégie de revenus additionnels aux dividendes sur les entreprises que vous détenez.
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Une stratégie classique d’achat/vente et de plus-values ne rapporte pas grand chose lorsque les marchés sont calmes. Par contre les 2 parties de la wheel strategy peuvent potentiellement faire gagner de l’argent (grâce aux primes) lorsque l’action ou les marchés sont plutôt calmes (ou en range).
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Au fur et à mesure de l’expérience gagnée en trading d’options, certains investisseurs préfèrent se concentrer sur une seule partie de la roue (plutôt que les deux). On trouve par exemple des investisseurs qui se concentrent uniquement sur la seconde partie de la roue (vente de CALLs). Comme d’habitude : tout le monde développe ses propres préférences…