C’est un peu calme sur le forum aujourd’hui.
Et si je pimentais un peu la journée en parlant « stratégie de Crédit » ? Pas certain que cela fasse mieux que l’éternel débat sur les dividendes, mais quand même… C’est cadeau !
Ma stratégie « Crédit » dans une optique patrimoniale long terme…
J’investis (en partie seulement ! ) grâce à l’effet de levier qui m’est conféré par le crédit. J’ai déjà évoqué cette situation, et régulièrement cela porte à interrogations, pour ne pas dire, parfois, à critiques…
Je n’en suis même plus étonné désormais, ayant compris depuis déjà bien longtemps que le pour beaucoup le crédit représentait quelque chose de négatif (pour ne pas dire « quelque chose de mal »). Il faut dire qu’on nous parle bien plus souvent des problèmes liés au crédit plutôt que de ses avantages !
Je vais donc exposer ici ma façon d’utiliser le crédit à des fins d’investissement. Mais avant toutes choses, je tiens à préciser immédiatement (on ne pourra pas me reprocher de ne pas l’avoir dit clairement…) que cela nécessite une grande préparation en amont, tant les risques d’une opération mal préparée / menée peuvent être destructeurs :
d’un point de vue financier (il faut s’assurer de sa capacité à rembourser sans se mettre en difficultés ! )
d’un point de vue personnel (les conséquences personnelles d’un crédit non maîtrisé peuvent être catastrophiques !)
Ceci étant dit et avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais également évoquer les mesures de sécurité que je mets personnellement en place afin de limiter au strict minimum mes risques financiers et personnels :
je me suis fixé un montant maximum à rembourser chaque mois. Ainsi, je m’assure de maîtriser en permanence l’impact sur mon budget. Aucune mauvaise surprise !
ce montant maximum me laisse obligatoirement une marge de manœuvre budgétaire. C’est à dire que malgré mes remboursements de crédits, mon budget mensuel reste obligatoirement un excédent ! Je peux donc faire face à un imprévu mineur.
il ne peut pas y avoir de crédit si il n’y a pas d’épargne de secours, laquelle doit obligatoirement me permettre en tous temps de faire face à un imprévu « moyen » (quelques milliers €).
le montant total emprunté doit obligatoirement être très largement couvert par la valorisation de mes actifs. Aujourd’hui, mes actifs sont valorisés 4,5x plus que le capital restant dû.
le crédit ne doit être souscrit qu’à des fins d’investissement. Jamais de vacances, de « vie courante » ou de high-tech à crédit !
le ratio « coût des intérêts / montant emprunté » ne doit jamais dépasser 4,3 points par tranche de 1 année. Ainsi, un emprunt sur 5 ans devra pouvoir, réaliser, à minima, une performance de +21,5% sur la période (+4% de moyenne annuelle) afin d’être rentable.
la différence « TAEG effectif - taux d’inflation » ne doit pas excéder 3 points.
les conditions d’octroi du crédit doivent être bonnes (taux fixe, échéance moyen terme, etc.).
Le non respect d’une seule de ces mesures / conditions est rédhibitoire !
Maintenant que les choses sont clairement posées et que je dis sans équivoque possible que SANS UNE PRÉPARATION STRICTE, JAMAIS DE CRÉDIT , nous pouvons passer à la suite de ce sujet… Ma vision du crédit est donc purement patrimoniale. Celui-ci est un outil puissant MAIS POTENTIELLEMENT DANGEREUX , permettant de développer un patrimoine (boursier en ce qui me concerne) sur le long terme.
De façon générale, le premier élément que les gens ont pour habitude de regarder est le taux d’emprunt. Le fameux TAEG (Taux Annuel Effectif Global). Au grand étonnement de la majorité d’entre vous, ce n’est pas mon critère premier… En effet, comme évoqué précédemment, je me focalise dans un premier temps sur le remboursement mensuel : Celui-ci ne devant JAMAIS excéder la limite que je me suis fixé, soit 395€. Ainsi, peu importe le taux d’emprunt, je sais que je serai quoi qu’il arrive dans les clous par rapport à mes finances personnelles…
150€ de remboursement mensuel à 3% d’intérêts me fera sortir autant d’argent chaque mois que 150€ de remboursement mensuel à 5% d’intérêts.
Le taux d’emprunt (qui se doit OBLIGATOIREMENT d’être fixe !) ne vient donc qu’en seconde position. Il détermine non pas ce que je vais débourser chaque mois pour rembourser (l’impacte total sur mon budget), mais bien le montant que je vais pouvoir emprunter (nombres suivants donnés uniquement pour l’exemple)…
150€ par mois à 4,9% sur 60 mois me permettront d’emprunter (environ) 8k€
150€ par mois à 6,9% sur 60 mois me permettront d’emprunter (environ) 7,6k€
Je n’emprunte donc pas un « montant », mais bien un « remboursement mensuel maximum ». Bien sûr, je paierai plus d’intérêts à 6,9% qu’à 4,9%. Mais dans tous les cas, mon budget de 150€ par mois maximum (9k€ au total sur 60 mois) aura été parfaitement respecté.
- questionnement généralement admis : « Je veux tant, quelles vont être mes mensualités ? » (aucune maîtrise du coût total de remboursement du capital + intérêts)
- questionnement personnel (à contre courant) : « Combien cette mensualité maximale me permet-elle d’emprunter ? » (parfaite maîtrise du coût total de remboursement du capital + intérêts)
L’objectif est, bien sûr, de pouvoir emprunter un maximum. Ce qui sous-entend donc de parvenir à disposer d’un taux d’intérêt le plus faible possible. Cela va de soit. Néanmoins, lorsque je « roule » un crédit (souscription d’un nouvel emprunt afin d’en rembourser un ancien ET de disposer de nouvelles liquidités), cela me permet de gérer plus facilement les variations de taux. En particulier lorsque ceux-ci sont orientés à la hausse. Je me focalise ainsi sur le positif (le montant empruntable) plutôt que sur le négatif (le coût des intérêts), sans pour autant (évidemment) mettre de côté ce dernier point. Je vois le verre à moitié plein plutôt que celui à moitié vide…
Le fait de prendre en compte le taux d’inflation dans ma démarche me permet également de pouvoir raisonner en termes de taux réel. Ainsi, il est bien plus intéressant d’enprumter à 6% lorsque l’inflation est de 4,9% plutôt qu’à 2% quand l’inflation est nulle !
Tout ceci doit évidemment, en supplement, être mis en perspectives avec la situation des marchés… Investir avec levier sur des plus hauts n’aurait absolument aucun sens. Il faut néanmoins garder à l’esprit qu’on ne maîtrise pas l’évolution des cours, et qu’il existe donc un risque de subir une baisse après un achat. D’où l’importance de rester cohérent dans ses achats, encore plus lorsque ceux-ci se font avec effet de levier.
Vous l’aurez (normalement) compris, une telle organisation demande beaucoup de sérieux dans sa mise en place, mais également une certaine ouverture d’esprit. Si ce sujet vous a semblé compliqué à comprendre, c’est parfaitement normal. Cela exprime parfaitement les difficultés liées à la mise en place d’un levier bancaire pour investir.
OUI, il y a des risques !
OUI, ces risques sont pour la plupart maîtrisables (on peut les réduire sensiblement)
NON, ce n’est pas à la portée de tout le monde (tant financièrement que personnellement)