Ce sujet fait écho à celui ouvert par @florian.b et utilisant comme support la publication du magazine Le Revenu. Considérant que les conseils « mobiliers » donnés par la revue (pourtant spécialisée) sont d’un niveau abyssal, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de voir les véritables options permettant de réellement doter son enfant d’un patrimoine.
Pourquoi « doter un enfant d’un patrimoine » ?
La réponse à cette question qui paraît pourtant si simple, conditionnera grandement la façon de le « doter d’un patrimoine » :
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"Pour l’aider à démarrer dans la vie"
Si l’idée de base est juste de dire « je mets 50€ par mois pour qu’il se paye son permis et sa première voiture », inutile de se prendre la tête. Dans un tel cas, un simple livret bancaire suffira amplement (même si l’inflation risque de faire mal). -
"Pour lui permettre de prendre conscience de l’intérêt d’investir
L’objectif derrière l’idée de base permet déjà de se projeter dans quelque chose de concret. À savoir, doter ses enfants d’une Éducation financière, laquelle leur servira (à n’en pas douter) durant toute leur vie. Partant de là , des investissements « rémunérateurs » (en opposition aux livrets bancaires) peuvent donc être envisagés. -
Et le patrimoine des parents dans tous ça…
Bien trop souvent, les parents pensent qu’ils doivent absolument mettre de l’argent de côte pour leurs enfants. Et bien non, absolument pas ! Leur priorité devrait plutôt être d’assurer leur propre sécurité financière avant d’envisager de préparer celle de leurs enfants.
Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est ce qui leur permettra d’assister leurs enfants lorsqu’ils commenceront dans la vie. Que l’enfant se paye lui-même son permis et sa première voiture c’est bien… mais après, il fait comment pour ses études (ou autre) une fois que toute son épargne y est passée ?
Alors que des parents qui auront pris soin de se « protéger » eux-mêmes, auront bien plus de facilité pour aider leurs enfants. Que ce soit pour le sacro-saint permis ou même les études.
C’est la toute la différence entre épargne et investissement :
- la première n’est qu’un stock de monnaie
- le second permet de dégager un flux de monnaie.
Le principe de développement d’un patrimoine
Développer un patrimoine demande du temps. Cela nécessite de ne pas avoir besoin du capital investi durant toute la période d’investissement. Et ça tombe bien… car un enfant a du temps (18 ans avant la majorité) et n’est pas censé avoir besoin de son capital durant son enfance. D’autant plus si les parents ont assuré leur propre stabilité financière !
« Doter son enfant d’un patrimoine » peut donc se faire en prenant des risques (calculés, bien évidemment). L’idée n’étant pas de jouer à quitte ou double avec son argent.
Comment « doter un enfant d’un patrimoine » ?
C’est là que les choses se compliquent, et même qu’elles deviennent dangereuses pour tous parents qui n’auraient pas, eux-mêmes, une Éducation financière suffisement aguerrie. Ils risqueraient alors de faire de mauvais choix.
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L’assurance Vie
Les fonds €, bien que leur rendement baisse année après année, permettent un placement sûr et dont le capital est garanti. A l’heure actuelle, les meilleurs fonds € offrent un rendement annuel légèrement supérieur à 1,5% (net de frais de gestion). Ils peuvent donc présenter un intérêt dans un objectif dit de « sécurisation du capital ».
Comme évoqué précédemment, un tel objectif pour un enfant serait une vraie perte de temps (et d’argent). D’où l’intérêt éventuellement, d’agrémenter les fonds € d’une touche plus ou moins importante d’Unités de Compte. Personnellement je ne suis pas fan des « UC », mais bien choisies elles peuvent largement augmenter le rendement de l’AV.
Mais qui dit « augmentation du rendement » dit également « plus grosse prise de risques ». Comme toujours, il s’agit donc de trouver le juste milieu.
Et pour ça, il faut d’abord trouver le bon contrat. À savoir celui qui ne sera pas gorgé de frais (versement, sortie, etc…). De très nombreux contrats proposés par des courtier en ligne proposent de ne facturer aucun frais. L’investisseur ne subit, dès lors, que les frais de gestion appliqués par l’assureur. En général, ils doivent être inférieur à 1%.
Il ne faut cependant pas oublier que les actifs détenus en Assurance Vie sont la propriété de l’assureur, et en aucun cas de l’investisseur lui-même ! -
L’immobilier
Comme indiqué au début de ce sujet, je limite mon intervention aux actifs « mobiliers ». Mes compétences en immobilier sont bien trop limitées pour que je puisse évoquer le « physique ». Néanmoins, il reste possible d’envisager l’achat de SCI. -
La bourse
L’investissement boursier est celui qui offre, historiquement, les meilleurs rendements sur du long terme. Celui-ci est tout à fait adapté à des enfants mineurs, dans le sens où plus l’horizon d’investissement d’établi sur du long terme, mieux c’est. D’autant plus qu’il est tout à fait possible, pour un enfant mineur, de posséder un CTO à son nom. Bien sûr, jusqu’à sa majorité « son » compte sera géré par son représentant légal.
À noter que l’investissement boursier est celui offrant les plus grandes possibilités de diversification. En effet, puisqu’il permet tout aussi bien d’être investi sur des entreprises, des indices, des obligations, des matières premières ou encore des produits dérivés… y compris sur de l’immobilier. Bien sûr, tous ces actifs ne sont pas nécessairement recommandé pour des enfants. Mais il est toujours intéressant de connaître les possibilités existantes. -
L’or
On y pense que trop rarement, mais il est tout à fait envisageable de diversifier quelque peu le patrimoine des enfants. Y mettre un peu d’or peut être un excellent moyen de leur expliquer les propriétés de ce métal. Car si il ne rapporte rien en lui-même, il permet tout de même de couvrir l’inflation, mais aussi d’apporter une touche de diversification. De plus, il est généralement contre cyclique. C’est à dire qu’il a tendance à voir son cours augmenter en tant de crise, lorsque les marchés financiers dévissent (ce qui se vérifie une nouvelle fois en ce moment !).
Acheter quelques « Napoléon » qui seront conservés à domicile, ou en achetant via une plate-forme spécialisée de confiance, c’est une option à ne pas totalement négliger. -
Les crypto-monnaies
Risqués par nature, ces actifs peuvent néanmoins, pourquoi pas, trouver une petite place dans le patrimoine d’un enfant. Cependant, au vu de la volatilité et des dangers représentés, il est préférable de n’en prendre que pour une quantité limitée.
Généralités sur l’investissement
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Il est admis que plus l’horizon d’investissement est lointain, plus la « prise de risques » peut être importante. Il faut comprendre par là que mettre une majorité d’actions dans le patrimoine d’un enfant qui pourrait avoir un horizon d’investissement de 40 ou 50 ans sera moins problématique que pour une personne commençant à prévoir son départ à la retraite.
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J’attire tout de même l’attention sur le fait que l’argent d’un enfant lui appartient. Aussi, le responsable légal chargé de le gérer se doit de prendre en considération cet élément. Il n’est donc pas envisageable de prendre des risques démesurés. Car l’enfant est susceptible, une fois majeur, de demander des comptes sur les investissements réalisés avec ses fonds. Aussi, un « pari 100% crypto » ou « 100% produits dérivés » (par exemple) menant à une perte en capital importante pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour le responsable légal.